Du bon usage des masques

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Du bon usage des masques (et de leur fin de vie)

Ou le choc : masques chirurgicaux jetables vs. masques en tissu réutilisables. Conséquence directe de la pandémie, la production de masques a explosé en 2020. 

Ce déchet, dont seuls les établissements de santé se souciaient jusqu’ici, fait aujourd’hui la une de tous les journaux. 

Leur visibilité croissante dans nos poubelles interroge : que peuvent mettre en place les entreprises, qui pour rappel ont une obligation de fournir des masques à leurs employés, pour assurer un bon usage de ces masques et de leur fin de vie ?

 

1/ D’un point de vue environnemental, pas de meilleure solution a priori 

On pense souvent que, d’un point de vue environnemental, le masque en tissu est une meilleure solution que le masque chirurgical, puisqu’il est réutilisable. En réalité, ce n’est pas si simple. Il faut prendre en compte toutes les variables qui constituent l’impact environnemental d’un produit tout au long de son cycle de vie. Les consommations énergétiques et d’eau occasionnées par le lavage des masques, le traitement du produit en fin de vie, tout comme le lieu de production des matières premières sont des variables non négligeables qui peuvent faire pencher la balance vers un impact environnemental moindre pour le masque chirurgical.

Nous nous sommes déjà attardés sur le sujet en comparant l’impact des serviettes en papier vs serviettes en tissu. Le parallèle est assez évident avec les masques en tissu vs les masques chirurgicaux et la conclusion en est de fait la même : dans l’absolu il n’y a pas de grand gagnant entre le masque chirurgical et le masque en tissu d’un point de vue environnemental !

Dans les deux cas, il existe des solutions pour les entreprises permettant le bon usage de ces masques tout en limitant leur impact environnemental.

 

2/ Les masques en tissu, réutilisables

On parle de masques réutilisables pour tous les masques en tissu lavable, allant du masque fait maison au masque certifié. De nombreuses entreprises de nettoyage de vêtements professionnels ont pris le tournant pour faciliter la gestion de ces masques et notamment assurer leur propreté ! Deux formules reviennent dans les offres de ces entreprises :

– La reprise de tous types de masques en tissu (certains sous couvert d’une validation en fonction de la composition des masques) ;

– La reprise des masques fournis par l’entreprise de nettoyage avec un fonctionnement en location-entretien : l’entreprise vous loue ses masques et cette location comprend la collecte, le lavage et la relivraison des masques hygiénisés sur site.

Voici une liste de quelques acteurs :

Entreprise de nettoyageZone géographique couverteMasques collectés Modalités de collecte
ELISFranceTout masque en tissu avec validation préalable par ELIS

Collecte récurrente sur site de filets individuels (1 filet par porteur). Les masques propres sont déposés à la collecte des sales

INITIALFranceMasques fournis par INITIAL pouvant supporter jusqu’à 50 lavagesCollecte ponctuelle sur site de sacs pouvant contenir jusqu’à 200 masques
NETEXPORégion rennaiseTout masque en tissu

Collecte récurrente sur site de filets individuels (1 filet par porteur) Les masques propres sont déposés à la collecte des sales

 

3/ Les masques à usage unique

On parle ici des masques chirurgicaux, mais aussi des masques FFP. Ces masques, obligatoires pour le personnel de santé, ont généralement des niveaux de filtration supérieurs aux masques en tissu. Recommandés par les autorités sanitaires et limités à une durée d’usage de 4 heures (durée de port conseillée), leur utilisation a explosé avec la pandémie.

Le masque chirurgical est composé de trois matières :

– Une barrette nasale en métal, qui peut être séparée et refondue ;

– Des élastiques, qui peuvent être broyés et réinjectés dans des pièces plastiques ;

– Une partie couvrante en polypropylène, un plastique industriel très courant appelé aussi PP. Lorsque ce dernier est désinfecté et broyé, il peut être réextrudé dans de nouveaux matériaux.

Plaxtil a été la première entreprise à proposer une solution de recyclage de ces masques. Très rapidement victime de son succès, l’entreprise croule sous les demandes, mais d’autres acteurs se sont mobilisés. Voici une liste des partenariats qui se sont formés entre prestataires de collecte et prestataires de traitement et qui vous permettront de recycler vos masques facilement, à la suite d’une collecte sur site :

Prestataire de collecteZone géographique couvertePrestataire de traitementLieu de traitementRecyclage du PP

Lemon Tri 

 

Solution Recyclage

 Ile-de-France Région PACA Envoi postal pour les autres régions  Cycl-Add Maillat, Auvergne-Rhône-Alpes  Tee-shirt en textile technique 
 Recygo  FranceVersoo
Angers

 Objets en PP (notamment en tubes et mobilier urbain) 

 Cosmolys / Tri-O Bassin parisien Hauts-de-France Cosmolys Avelin, à côté de Lille  

 Objets en PP (notamment dans le secteur automobile et textile)

 GobUse France FabBrick Paris 

 Briques décoratives

 TerraCycle France Suez Troisvilles, Hauts-de-France  Objets en PP 

Selon les prestataires, la collecte des masques chirurgicaux peut être faite en bornes d’environ 50 L disposées dans les locaux, ou plus classiquement en bacs ou rolls de 120 à 1 700 L.

Une alternative, plutôt originale au masque à usage unique, est la mise à disposition de masques biodégradables ! Ces masques en tissu biodégradable en deux mois sont commercialisés par Hateia, une marque marseillaise.

 

4/ Conclusion

Plusieurs solutions de réutilisation et de recyclage des masques ont émergé en 2020 et sont aujourd’hui disponibles à une échelle industrielle, même si les filières ne peuvent pas encore être qualifiées de « matures ». Dans les deux cas cependant, réutilisation ou recyclage, l’énergie et le temps passer à mettre en place ces nouvelles solutions ne doivent pas faire perdre de vue d’autres enjeux de prévention et gestion des déchets. En effet, les masques restent finalement marginaux :

– Du point de vue des tonnages, par rapport à d’autres déchets qui sont rarement tous triés ou réduits à la source : cartons, papiers, emballages, biodéchets, etc. ;

– D’un point de vue environnemental, par rapport à d’autres déchets comme les déchets dangereux : piles, ampoules, cartouches d’imprimantes, déchets d’équipements électriques et électroniques, etc.

En conclusion, les masques méritent que l’on s’y intéresse d’un point de vue sanitaire. Mais leur gestion en fin de vie ne doit pas conduire une entreprise à « inverser l’ordre des priorités », dans une progression cohérente vers une amélioration du tri et une réduction à la source des déchets. Les masques sont certes devenus plus visibles dans nos poubelles et il est important de questionner leur fin de vie, mais il ne faut pas que cela soit au détriment du tri et de la prévention d’autres déchets.

Pour en discuter, n’hésitez pas à contacter Take a waste 😉

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