Meubles de tri en restauration rapide : conseils pratiques
Le tri des déchets en restauration rapide est obligatoire en France. On observe la mise en place, de plus en plus fréquente, de meubles de tri à destination des clients dans les salles de fast-food.
Malgré une volonté affichée de permettre le geste de tri, ceux-ci ne sont pas toujours des plus efficaces.
1/ Une situation loin des attentes dans le tri en restauration rapide
Le tri des déchets en restauration rapide répond à deux obligations réglementaires françaises :
- Le tri à la source des biodéchets, obligatoire depuis 2016 pour les professionnels générant plus de 10 tonnes de biodéchets par an et obligatoire à partir de 2023 pour les professionnels générant plus de 5 tonnes de biodéchets par an : les enseignes de restauration rapide se situent souvent entre ces deux bornes ;
- Le tri dit « 5 flux », obligatoire depuis 2016 également pour les papiers-cartons, plastiques, métaux, bois et verre. Epinglés par les journalistes d’investigation pour non-respect du décret 5 flux et convoqués par Brune Poirson en mai 2019, les enseignes de restauration rapide s’étaient alors engagées à avoir 90 % de leur point de vente en conformité réglementaire au 31 décembre 2020 et 100 % au 31 décembre 2021.
A date, force est de constater que la plupart des enseignes de restauration rapide ont mis en place un meuble de tri en salle, même si la proportion globale de 90 % n’est très probablement pas atteinte. De plus, les meubles de tri mis en place par les enseignes sont généralement mal conçus : ils sont parfois de vrais casse-têtes pour les clients, jusqu’à devenir inefficaces. Petit tour d’horizon des bonnes et mauvaises pratiques en la matière !
2/ Quelles sont les erreurs courantes à éviter ?
Parmi les meubles que nous avons pu croiser, tous ne permettent pas un tri optimal et n’encouragent pas le geste de tri pour plusieurs raisons.
Une signalétique mal faite :
- Visuels : entre logos peu lisibles et photos trop précises, le visuel choisi par les enseignes n’a pas toujours l’effet prévu… Pour rappel, le meilleur visuel est un dessin réaliste qui ne laisse aucun doute sur ce qu’il faut jeter ;
- Textes : les messages sont rarement bien écrits et peuvent aussi porter à confusion. Ils doivent clairement informer de la consigne de tri en place dans l’enseigne et la poubelle destinée à chaque déchet présent sur le plateau. Par exemple, mieux vaut écrire « emballage » (qui parle à tout le monde de la même façon) que « recyclable » (dont chacun a une notion différente…).
- Disposition : pour être lues, les consignes doivent être placées à hauteur des yeux. Si le client doit les chercher, le tri risque d’être partiellement fait car mal indiqué.
Un code couleur confus :
On observe des différences entre les couleurs caractérisant les flux selon les enseignes, au sens où les déchets non recyclables peuvent être identifiés en orange dans l’une et en noir dans l’autre, alors qu’il existe des « couleurs officielles de tri » proposées par l’ADEME. rappel, la couleur correspondant à chaque flux de déchets est la suivante :
- Gris : ordures ménagères résiduelles ;
- Jaune : emballages multi-matériaux en mélange ;
- Bleu : papiers-cartons ;
- Marron : biodéchets ;
- Vert : verre
Un nombre de flux insuffisant :
Beaucoup de meubles de tri présentent un nombre insuffisant d’ouvertures, n’offrant donc pas une poubelle pour chaque déchet : sur certains on ne trouve pas d’ouverture pour les biodéchets par exemple. Ils se retrouvent, faute d’option, dans la poubelle grise. Mettre à disposition une poubelle pour chaque flux permet d’aller au bout du geste et la valorisation d’un maximum de déchets.
Un mauvais agencement des poubelles en salle : il est possible de croiser une poubelle jaune d’un côté de la salle et une grise de l’autre, ce qui oblige le consommateur à faire le tour de la salle pour trier ses déchets. Au contraire, un dispositif efficace donne accès à l’ensemble des flux au même endroit.
Des ouvertures non adaptées : chaque type de flux varie en quantité. Une ouverture trop grande pour la poubelle jaune entraîne le risque que des déchets non recyclables y soient jetés. A l’inverse, si elle est trop petite le tri sera partiellement fait, les contours sales et la poubelle avec la plus grande ouverture pleine de déchets recyclables ! Adapter les ouvertures du meuble de tri selon la taille des déchets (voire la forme des emballages) permet donc d’améliorer la qualité du tri.
3/ Bulletin scolaire des meubles de tri en restauration rapide
14/20 – La bonne élève | Clarté de la signalétique : 3/5 |
Clarté de la signalétique : 2/5 | 13/20 – Celle qui ne veut pas en faire trop |
12/20 – Celle au dernier rang | Clarté de la signalétique : 1/5 |
Clarté de la signalétique : 2/5 | 11/20 – Celle qui se disperse |
15/20 – La première de classe | Clarté de la signalétique : 5/5 |
4/ La filière face submergée de l’iceberg
Un meuble de tri mal conçu entraîne des erreurs ; lorsqu’elles sont trop nombreuses, les poubelles sont déclassées et rejetées par les centres censés les recycler. Elles sont alors incinérées ou enfouies, ne permettant pas le recyclage et la valorisation des déchets contenus dans les sacs poubelles.
Mais surtout, le tri du client n’est que la face visible de l’iceberg : un meuble de tri bien fait n’est que la première étape d’une bonne gestion des déchets par l’enseigne, encore faut-il qu’une prestation de collecte sélective soit également mise en place ! Or aujourd’hui, de très nombreuses enseignes remettent en mélange les déchets triés par les consommateurs. Les meubles de tri ne sont alors qu’une façade, ne garantissant en aucun cas le respect de la réglementation. Et dans ce cas le discrédit jeté sur le geste de tri est, en réalité, une « trahison » du consommateur.