Déchets de dialyse : comment optimiser la gestion

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Les déchets de dialyse : enjeux et pistes d’optimisation

Chaque année en France, plus de 50 000 personnes sont prises en charge par dialyse, ce qui représenterait environ 7 millions de séances par an. Ce chiffre se traduit par un volume non négligeable de déchets, avec des enjeux économiques, sanitaires et environnementaux forts. Selon le guide « Guide des bonnes pratiques pour une dialyse verte» publié par Société française de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT), une séance de dialyse génère en moyenne 1,7 à 2,5 kg de déchets

Cet article propose un focus autour des déchets spécifiques aux centres de dialyse, du cadre réglementaire et des contraintes logistiques mais surtout des enjeux économiques et environnementaux ainsi que des leviers concrets de réduction à la source.

Types de déchets dans un centre de dialyse : les défis d’une activité à usage unique

Dans un centre de dialyse, la nature des déchets est tributaire du matériel utilisé (tubulures, poches de dialysat, dialisateurs, consommables) et des modalités de traitement des fluides. Trois familles principales se dégagent :

1. Consommables à usage unique et déchets plastiques

Chaque séance mobilise de nombreux dispositifs à usage unique : poches ou sacs de dialysat, tubulures, filtres, dialisateurs, embouts, gants, blouses, masques… Le guide de la SFNDT rappelle qu’un «kit complet» de dialyse peut comprendre «plus d’une vingtaine de composants» en plastique. 

Une étude internationale indique que le plastique potentiellement dangereux par séance de dialyse varie de 1,1 à 8 kg, selon le mode de traitement, les consommables utilisés, le tri réalisé. Et que le coût de gestion des déchets (dans ce contexte) peut varier de 2,2 à 16 €/séance

Dans cette catégorie des plastiques, on trouve : les plastiques non contaminés (emballages, film protecteur), mais aussi ceux souillés par le sang ou par des fluides médicaux (tubulures après usage, poches de dialysat usagées). Cette distinction est déterminante, car elle influe sur le flux de tri (DASRI/infectieux ou non) et sur le coût de traitement.

2. Déchets de soins à risques infectieux (DASRI) et liquides contaminés

Une partie des déchets générés relève de la catégorie DASRI — par exemple tout matériel souillé par du sang ou des liquides biologiques issus du circuit de dialyse. Le guide indique que, en moyenne, une séance produit 1 à 2 kg de DASRI. 

En parallèle, les liquides de dialysat usagés représentent un afflux spécifique : l’eau utilisée (souvent 300 à 400 litres par séance pour certains centres) se transforme en rejet contaminé, ce qui impose des traitements spécifiques ou un réseau d’évacuation bien maîtrisé.

Il est utile de mentionner que certaines contraintes (comme pour les laboratoires) relatives à la manipulation de réactifs ou de produits chimiques peuvent venir s’ajouter lorsque des centres de dialyse sont intégrés à des structures hospitalières plus larges.

3. Déchets techniques, produits de maintenance et emballages propres

Au-delà des consommables directement liés aux patients, un centre de dialyse génère également :

  • des déchets d’entretien (cartouches d’osmose inverse, membranes, filtres usés)
  • des emballages vides (cartons, films plastiques propres)
  • parfois des déchets chimiques liés aux solutions de nettoyage ou de décontamination.

Ces flux sont souvent moins volumineux pour un centre isolé de dialyse, mais ils doivent être distingués et pris en compte dans la politique globale de gestion des déchets.

Cadre réglementaire et logistique : ce que chaque centre doit respecter

Pour un centre de dialyse, la conformité est incontournable : non seulement pour la sécurité sanitaire mais aussi pour limiter les coûts et les risques environnementaux.

1. Obligations réglementaires applicables

Les déchets issus d’un centre de dialyse sont soumis aux mêmes grands principes que ceux des établissements de santé :

  • tri à la source
  • conditionnement homologué
  • bordereaux de suivi
  • traçabilité.

Les textes relatifs aux DASRI du Code de la santé publique sont applicables. Les déchets liquides ou techniques (filtres, substances de nettoyage) peuvent par ailleurs relever de la réglementation des déchets dangereux ou des installations classées (ICPE) selon leur nature.

Ainsi, la dialyse est une activité à fort impact environnemental, il est donc important d’avoir une véritable stratégie de pilotage de cette matérialité, ce qui inclut la gestion des déchets.

2. Logistique interne, précollecte et collecte spécialisée

L’efficience de la gestion dépend de la mise en place d’un circuit interne fluide : tri au poste de soin, conditionnement sécurisé, stockage temporaire, puis enlèvement par un prestataire agréé.

Emballages plastiques non DASRI

De manière générale et en accord avec la mise à jour 2025 du guide DASRI par la HAS, il est important de bien penser le tri des flux en amont afin d’éviter que des déchets non infectieux soient traités en DASRI, ce qui entraîne des surcoûts et un impact environnemental supérieur.

 

En pratique,

  • Un centre devra choisir un prestataire spécialisé capable d’intervenir pour des déchets infectieux, plastiques souillés, produits chimiques ou techniques.
  • Le prestataire doit être agréé pour le transport, le traitement (incinération, valorisation) et délivrer les certificats de traitement.

Enfin, certains déchets spécifiques types garrots peuvent être donnés à des centres équestres ou des associations comme la SPA. Les bouchons en plastique peuvent être donnés à des associations comme « Les Bouchons d’amour » (qui financent des fauteuils roulants pour personnes handicapées). ces initiatives restent à la bonne volonté des établissements qui apportent les déchets collectés aux différentes associations.

3. Contraintes spécifiques et leviers d’optimisation

Les principales contraintes de la gestion des DASRI sont bien connues :

  • Les tournées peuvent être peu fréquentes si les volumes sont faibles, ce qui augmente le stockage intermédiaire.
  • Les déchets DASRI traités coûtent beaucoup plus cher à éliminer que les déchets assimilés aux ordures ménagères.
  • Le transport et l’incinération des DASRI sont considérés comme «trois fois plus polluants» que ceux des déchets classiques.

Les leviers d’optimisation majeurs sont surtout l’optimisation du tri permettant de bien différencier les flux réellement à risque, la réduction du recours aux incinérations inutiles, et le choix de prestataires offrant des prestations adaptées à des volumes modérés et des tournées optimisées.

Enjeux économiques, environnementaux et pistes de réduction : pourquoi agir ?

Les centres de dialyse, comme tous les établissements de santé qui souhaitent optimiser la gestion de leurs déchets doivent faire face à  un triple enjeu : maîtriser les coûts, limiter l’impact environnemental et renforcer la conformité.

1. Enjeu économique

Chaque kilo de DASRI traité revient à un tarif élevé du fait du conditionnement, transport spécialisé et incinération haute température. Réduire même quelques kilos par séance peut donc générer des économies cumulées importantes sur un an.

Bien que tous les chiffres ne soient pas publiquement disponibles pour les centres de dialyse, des retours d’expérience comme celui du centre de néphrologie du CHU de Nantes montrent qu’en optimisant le tri, la charge de traitement peut être réduite sensiblement. Par ailleurs, la mutualisation des volumes (entre postes, entre sites) et l’optimisation des achats de consommables sont des leviers sous-utilisés mais à fort potentiel.

2. Enjeu environnemental

L’impact environnemental d’un centre de dialyse est élevé :

  • consommation d’eau (~380 L par séance selon le guide)
  • production de déchets (~1,7 à 2,5 kg/séance).

L’essentiel des émissions de gaz à effet de serre dans un service de néphrologie provient des consommables et de la production de déchets (près de 70 %) : plastiques à usage unique, tubulures, poches…Lorsqu’ils sont tous traités comme DASRI, ils entraînent un recours systématique à l’incinération — ce qui augmente l’empreinte carbone.

3. Réduire à la source : leviers concrets pour les centres de dialyse

Quelques pistes opérationnelles :

  • Optimiser le tri des flux : différencier plus finement les déchets infectieux et non infectieux et requalifier certains flux vers des déchets assimilés aux ordures ménagères peut alléger l’impact.
  • Réduire les consommables à usage unique lorsque possible : bien que le traitement soit hautement sécurisé, repenser la chaîne (ex. moins d’emballages, tubulures allégées, fournisseurs engagés) est pertinent. Le guide «Dialyse verte» comporte des fiches pratiques pour les achats responsables. 
  • Formation et sensibilisation de l’équipe soignante : il reste très important d’accompagner les équipes afin d’expliquer les enjeux et impact et de leur faciliter le travail autant que possible. Les signalétiques et les équipements de tri en pré-collecte sont autant d’aide qui permettent de développer le tir intelligent.
  • Suivi et pilotage des indicateurs : définir des indicateurs (kg de déchets par séance, litres d’eau par séance, CO₂ émis, coût déchets/tonnage) et suivre leur évolution dans le temps permet de rendre visible l’impact et de générer l’adhésion des équipes.

Pour un acteur comme Take a Waste, accompagner un centre de dialyse dans la gestion de ses déchets n’est pas seulement une mission de conformité, mais une opportunité : réduire les coûts, améliorer l’empreinte environnementale, et valoriser l’engagement RSE de l’établissement.

En ciblant précisément les flux de déchets, en choisissant bien les partenaires prestataires, en impliquant les équipes soignantes et en pilotant les résultats, la transformation est réelle.

Sources

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