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Gestion des déchets dans les parcs de loisirs : le guide complet pour réduire coût et impact environnemental
Chaque année, les parcs d’attraction et de loisirs accueillent des millions de visiteurs, synonymes de plaisir… mais aussi de déchets. Entre les emballages alimentaires, les biodéchets, les mégots ou encore les décors saisonniers, ces sites concentrent une diversité de flux difficile à maîtriser.
Comment allier expérience client, conformité réglementaire et efficacité économique ? Voici un panorama complet des enjeux et des leviers d’action pour une gestion des déchets plus performante et responsable.
Les chiffres clés d’un secteur en pleine expansion
La France compte plus de 650 parcs de loisirs et d’attraction, qui accueillent chaque année plus de 70 millions de visiteurs et génèrent un chiffre d’affaires estimé à 4 milliards d’euros (source : Xerfi).
Mais derrière les manèges et spectacles, la production de déchets reste un sujet majeur : plusieurs dizaines de milliers de tonnes sont générées chaque année, représentant des millions d’euros de coûts de gestion et de taxe (TOEM).
Un indicateur souvent cité : un visiteur produit entre 0,5 et 1 kg de déchets par jour, selon la typologie du parc et la saison. Et si plus de 80 % des déchets produits sont recyclables, le taux de valorisation reste encore faible, faute de tri efficace, d’infrastructures adaptées et de coordination entre prestataires.
La saisonnalité complique encore la donne : entre juin et août, certains sites doublent leur fréquentation, entraînant une explosion des volumes à gérer. En hiver, les flux chutent, rendant difficile la planification logistique et la contractualisation avec les prestataires de collecte.
Une typologie de déchets aussi variée que les attractions
Les parcs de loisirs sont de véritables “mini-villes” où coexistent des activités de restauration, d’hôtellerie, de maintenance, de spectacles et d’espaces verts. Chacune génère ses propres flux de déchets.
Déchets des visiteurs
- Emballages alimentaires : barquettes, papiers, plastiques, aluminium.
- Bouteilles, canettes et gobelets jetables.
- Restes alimentaires et biodéchets, désormais soumis à tri obligatoire depuis 2024.
- Serviettes, mouchoirs, sachets, mégots.
Déchets opérationnels
- Décors saisonniers, costumes, bannières et signalétiques.
- Mobilier et équipements usagés (jouets, accessoires, électronique, EEE).
- Déchets verts issus des jardins et zones boisées.
- Palettes, cagettes, emballages logistiques.
- Huiles de friture, solvants, peintures, batteries.
- Fumier ou déchets organiques issus des animaux, comme au Puy du Fou.
Déchets spécifiques aux événements temporaires
Les installations éphémères génèrent des volumes ponctuels mais significatifs : structures métalliques, bois, bâches PVC, éléments de scénographie ou de restauration.
Si les volumes et la diversité des déchets sont impressionnants, leur gestion quotidienne l’est encore davantage. Malgré les efforts de certains sites, la majorité des parcs font face à des obstacles structurels qui freinent la mise en place d’une gestion vraiment performante.
Voici les principales difficultés rencontrées sur le terrain :
- Manque d’infrastructures de tri visibles et ergonomiques : orifices trop petits pour certains déchets, pictogrammes peu clairs, poubelles non harmonisées.
- Contamination des flux recyclables par des restes alimentaires ou déchets non conformes.
- Surcharge des plastiques à usage unique : gobelets, couverts, barquettes.
- Multiplication des filières REP : emballages, jouets, articles de loisirs, mobilier, etc
- Manque de données consolidées : sans suivi précis des flux, impossible de piloter ou d’optimiser les coûts.
Les solutions recommandées pour une gestion optimisée
Heureusement, de nombreuses pistes existent pour transformer ces contraintes en leviers d’efficacité. De la conception des infrastructures à la sensibilisation du public, chaque étape de la chaîne de gestion peut être optimisée.
Voici les actions les plus efficaces observées dans les parcs français et européens :
A. Structurer le tri en “front” et “backstage”
Le tri ne doit pas se limiter aux zones visibles du public :
Installer des bornes de tri partout : parkings, files d’attente, zones de restauration, chambres d’hôtel et espaces de pause du personnel. Le fait de les inrégrer sur les plans du parc est un geste simple mais qui peut être très efficace.
Prévoir des poubelles de tri visibles de loin en privilégiant les abris-bacs et colonnes aux corbeilles, qui permettent une meilleure signalétique : pictogrammes multilingues ou visuels des déchets concernés.
Mettre en place des poubelles compactantes intelligentes : elles réduisent la fréquence des collectes, évitent les débordements et permettent un suivi en temps réel grâce à des capteurs de remplissage.
Ces équipements sont plus coûteux, mais l’investissement est souvent compensé par les économies logistiques.
En coulisses, les zones de tri doivent être pensées comme de véritables plateformes : compacteurs, abris-bacs, armoires à déchets dangereux, tables de tri pour la vaisselle cassée… Ces espaces garantissent un meilleur taux de recyclage et des conditions de travail plus sûres pour les équipes.
B. Miser sur la prévention et la réduction à la source
La meilleure façon de réduire les coûts ? Produire moins de déchets.
Mettre en place des gobelets réutilisables consignés, de plus en plus courants dans les parcs européens. Ils sont de bons supports marketing et peuvent être décorés à la charte du parc pour maximiser l’aspect “collector”.
Favoriser la vaisselle lavable (inox, porcelaine) et équiper les cuisines de lave-vaisselle performants. Éviter les emballages dans la restauration rapide (par exemple les sachets de sauce)
Proposer des tarifs réduits aux visiteurs qui apportent leur propre contenant.
Optimiser les buffets pour éviter le gaspillage alimentaire : portionnement, dons, ou partenariat avec Too Good To Go.
Côté approvisionnement, les emballages professionnels peuvent aussi être repensés : emballages de palettes réutilisables, suppression du film plastique, et regroupement des livraisons pour limiter les volumes d’emballages.
C. Intégrer le réemploi et l’économie circulaire
Le potentiel de réemploi dans les parcs est considérable : mobilier, costumes, décors, jouets ou éléments de signalétique.
Partenariats avec l’ESS locale : le Parc Astérix a par exemple donné 147 vestiaires à l’association AIMA, offrant ainsi une seconde vie à du mobilier professionnel tout en soutenant l’emploi solidaire.
Dons ou reventes internes : Disneyland Paris propose des circuits de réemploi via des boutiques internes ou des filières REP dédiées.
Valorisation agricole : au Puy du Fou, le fumier des chevaux est utilisé comme engrais et les déchets organiques sont valorisés en énergie.
Réemploi créatif : au Japon, le parc Nishi-Rokugo transforme d’anciens pneus en aires de jeu, preuve qu’un déchet peut devenir un atout scénographique
D. Sensibiliser et former les équipes et les visiteurs
La pédagogie reste la clé du succès.
Former les équipes saisonnières aux gestes de tri et à la gestion des flux.
- Déployer une signalétique homogène et ludique, avec marquage au sol, pictogrammes ou couleurs cohérentes.
- Utiliser des “nudges” pour inciter au bon geste : poubelles parlantes, signalétique ludique ou systèmes de récompenses
- Impliquer le public dans la démarche : gamification du tri ou défis environnementaux entre zones du parc.
Une communication claire et cohérente favorise la participation des visiteurs et valorise l’image responsable du parc.
E. Piloter par la donnée et la performance
La centralisation des données déchets permet d’avoir une vision claire des coûts et des volumes par zone d’activité.
Peser les flux à la source pour mesurer les progrès.
Analyser les factures et les fréquences de collecte pour identifier les leviers d’économie.
Utiliser des tableaux de bord dynamiques, comme la plateforme Take a Waste, qui agrège l’ensemble des données et facilite le suivi réglementaire (BSD, traçabilité, filières REP).
Une meilleure visibilité sur les flux permet d’agir concrètement sur la réduction des coûts de traitement et d’améliorer le reporting RSE.
Exemples inspirants en France et à l’international
Plusieurs parcs ont déjà franchi le pas et prouvent qu’une gestion plus responsable des déchets est non seulement possible, mais rentable. Leurs démarches illustrent comment innovation, bon sens et partenariats locaux peuvent cohabiter au service de la performance environnementale :
Universal Studios Japan : du déchet à l’énergie
Le parc collecte chaque année près de 190 tonnes d’huiles de friture, dont 80 % sont transformées en biodiesel pour alimenter certaines attractions, réduisant ainsi de 17 tonnes par an ses émissions de CO₂.
Le site a également obtenu la certification “Excellent Waste Reduction Facility” pour la qualité de son tri et la réduction de ses déchets plastiques à usage unique.
Un exemple inspirant d’économie circulaire appliquée à grande échelle.
Puy du Fou : valorisation organique et ancrage territorial
Labellisé Green Globe depuis 2012, le Puy du Fou dispose de 600 poubelles de tri et d’un centre de tri interne.
Les biodéchets sont compostés ou méthanisés, le fumier des chevaux valorisé en engrais, et les bouteilles collectées via un partenariat avec Vittel sont recyclées en nouvelles bouteilles.
Les emballages de restauration sont majoritairement compostables et les gobelets consignés généralisés.
Résultat : un modèle circulaire qui réduit les coûts et renforce l’image écoresponsable du parc.
Parc Astérix : un modèle concret de tri et de valorisation
Le Parc Astérix s’impose comme un exemple opérationnel de gestion optimisée des déchets. En partenariat avec Veolia, il trie plus de 20 flux différents, dont les biodéchets valorisés par méthanisation en énergie verte.
Le parc a également supprimé la plupart des plastiques à usage unique, déployé la vaisselle réutilisable et installé des machines Lemon Tri qui transforment le recyclage en expérience ludique pour les visiteurs. Un modèle pragmatique et reproductible pour tout site touristique.
Les parcs de loisirs ne sont plus seulement des lieux de divertissement : ils sont aussi des laboratoires d’innovation environnementale.
Optimiser la gestion des déchets permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi de renforcer l’expérience visiteur, de respecter les obligations réglementaires et d’améliorer l’empreinte RSE.
En centralisant les flux, en formant les équipes, en investissant dans la donnée et en s’appuyant sur des partenaires comme Take a Waste, les parcs peuvent transformer une contrainte en véritable opportunité d’impact positif.