LES ACTUALITÉS ZÉRO DÉCHET
4 erreurs courantes sur le tri et la réduction des déchets en entreprise
La gestion des déchets entraine inévitablement des erreurs sur le tri et la réduction à la source : c’est un sujet plus complexe qu’il n’y paraît, et qui a tendance à créer de nombreuses incompréhensions.
Nous avons décidé dans cet article de nous attaquer à 4 erreurs courantes en entreprise : il est temps de démystifier ces légendes urbaines !
Le tri n’est pas utile car tout est remis en mélange ?
C’est une idée reçue assez répandue : le tri est un effort inutile car tout est finalement remis en mélange. Et si cette idée a fait son bout de chemin au niveau du tri des emballages, ce n’est pas par hasard… Plusieurs vidéos sur internet ont montré des agents de collecte verser des déchets résiduels et de recyclage dans le même camion-benne.
Cependant plusieurs raisons peuvent expliquer ces actes :
- Des agents de collecte peuvent décider qu’une poubelle jaune soit « déclassée » s’ils constatent des erreurs de tri. Or trop d’erreurs de tri peuvent souiller tout le flux recyclable « propre » et c’est une des raisons pour lesquelles on peut voir des bacs jaunes collectés dans des camion-bennes déchets résiduels.
- Dans certaines zones rurales, la collecte des déchets résiduels et recyclables peut être faite par un camion de collecte bi-compartimenté. Le même camion-poubelle récolte donc en même temps bacs jaunes et gris, mais sans les mélanger.
- Exceptionnellement, les poubelles grises et jaunes peuvent être collectées ensemble lors d’une grève. Les jours de grèves il est très souvent impossible, faute de personnel, de réaliser les collectes prévues.
Ces cas exceptionnels ne doivent pas induire en erreur.
Chaque flux de déchets a son circuit, depuis le bac de collecte jusqu’à son exutoire de traitement. En France et sauf exceptions, le bac jaune (de recyclage) est bien acheminé jusqu’au centre de tri !
Pour en savoir plus sur le centre de tri, nous vous proposons de découvrir cette vidéo BRUT.
L’eau en bouteille est plus saine que l’eau du robinet ?
A force de l’entendre dans les publicités, on serait tenté d’y croire.
La bouteille d’eau en plastique n’est pas meilleure pour notre santé… et elle est bien pire pour notre planète que l’eau du robinet ! Il existe des alternatives que vous pouvez retrouver dans notre comparatif.
D’abord, d’un point de vue environnemental le transport de ces bouteilles reste un non-sens, dans un pays comme la France où le réseau d’eau potable est développé et accessible à presque tous.
L’étape de transport représente le premier préjudice environnemental de l’eau en bouteille, mais ce n’est pas fini. L’eau en bouteille plastique entraîne une ingestion de microplastique dans notre corps. Cette « découverte » étant assez récente, nous ne pouvons pas encore mesurer l’impact sur notre santé… mais rien de bon en prévision.
Quant à l’eau du robinet, elle contient aussi du microplastique, mais dans un pourcentage nettement inférieur aux bouteilles plastiques. On estime que l’eau en bouteille en plastique serait deux fois plus contaminée par des particules plastiques que l’eau du robinet.
L’eau du robinet est fortement règlementée depuis les années 90 et fait l’objet de contrôles réguliers. Près de 96 % des consommateurs peuvent boire l’eau du robinet en toute sécurité. Et elle ne contient pas forcément moins de minéraux que l’eau en bouteille !
Dans la majorité des cas, l’eau courante reste une meilleure solution.
Attention toutefois :
- Si vous vivez dans de petites communes, l’eau du robinet peut être polluée. Vérifier la qualité de l’eau potable de votre commune grâce à la carte interactive du ministère des Solidarités et de la Santé.
- Si vous habitez dans un immeuble ancien, il est probable que vous ayez des canalisations intérieures en plomb. Pensez alors à laisser couler quelques instants avant la première utilisation de la journée.
Sources :
Les déchets plastiques ne se recyclent pas ?
Sur l’ensemble du territoire, les centres de tri des emballages ménagers acceptent progressivement depuis 2016 tous les emballages plastiques. On peut trier dans le bac jaune tous les emballages plastiques sans exception ! Vous pouvez jeter des emballages en plastique qui n’étaient pas acceptés jusqu’alors : pots de yaourt, sachets souples pour biscuits, barquettes de jambon, etc.
Mais il ne faut pas s’y tromper : tous ces emballages ne sont pas encore recyclés, ils sont seulement acceptés lors des collectes. L’objectif de cette démarche est de simplifier les consignes de tri, de sorte que tous les emballages soient à jeter aujourd’hui dans la même poubelle.
Selon Citeo, aujourd’hui 65% des emballages plastiques ménagers sont recyclables (entièrement pour les bouteilles et flacons et partiellement pour les pots et barquettes). Des filières de recyclage sont actuellement en développement pour 15% d’entre eux. Quant au reste des emballages plastique, ils tendent soit à être supprimés (s’ils sont inutiles), soit à être remplacés pour rejoindre des filières de recyclage.
Alors oui, le recyclage des emballages plastiques n’est pas 100 % effectif à date, mais cela va changer d’ici à 2025 grâce au « décret 3R » (Réduction, Réemploi, Recyclage). Issu de la loi AGEC, il définit des objectifs pour la période 2021-2025, pour tendre vers la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040. L’un de ces principaux objectifs est de mettre sur le marché 100 % d’emballages plastiques recyclables à partir du 1er janvier 2025.
Au-delà du décret il existe même une stratégie 3R, qui constitue une feuille de route pour atteindre des objectifs de réduction, de réemploi et de recyclage des emballages plastiques. L’accélération des dispositions réglementaires permet d’agir concrètement sur ce problème en mobilisant dès aujourd’hui les entreprises à ce sujet.
Sources :
Les couverts en bois sont meilleurs pour l’environnement ?
Avec l’essor du « à emporter » et l’interdiction des couverts en plastique depuis le 1er janvier 2021, la production de couverts en bois augmente fortement… mais est-ce une si bonne nouvelle pour l’environnement ?
Les couverts en bois à usage unique ne sont pas une solution écologique. On aura souvent tendance à penser que le bois est une bonne alternative au plastique parce que c’est un matériau « écologique », mais c’est loin d’être le cas :
- L’exploitation du bois ne provient pas forcément d’une filière durable : Afin d’être proprement renouvelables, les forêts d’exploitation nécessitent un contrôle strict de leur gestion. Il faut donc vérifier la traçabilité (Le label FSC reste le meilleur label pour les filières de bois durable)
- La production de ces couverts a nécessité une consommation significative d’énergie : Les couverts en bois sont issus d’un processus de fabrication gourmand en eau et énergie ; de plus ils doivent être transportés depuis leur lieu de production jusqu’à leur lieu d’utilisation. Ces couverts en bois ont donc un impact considérable sur l’environnement.
- Les couverts en bois finissent majoritairement jetés dans les poubelles de déchets résiduels : Bien que certains d’entre eux puissent être compostables (dans des conditions de compostage industriel), une fois dans la poubelle grise, les couverts en bois seront soit incinérés ou enfouis.
Surtout, les couverts en bois ont une durée de vie limitée, de quelques minutes seulement… Alors plastique ou bois au fond peu importe, ce qui est à éradiquer c’est l’usage unique : le problème ne réside pas dans l’usage du plastique, mais dans nos usages tout court !
Après l’interdiction des couverts en plastique à usage unique au 1er janvier 2021, des actions existent pour aller plus loin :
- Action réglementaire : Depuis le 1er janvier 2023, la vaisselle à usage unique est interdite pour la restauration sur place.
- Action volontaire pour la restauration livrée : la case « couverts » est désormais décochée par défaut sur la plupart des sites. (Pour en savoir + sur ces engagements et notre avis, retrouvez notre article sur le sujet)
- A titre individuel : la solution est finalement simple, privilégiez la qualité à la quantité avec des couverts qui durent longtemps !
- A titre collectif : le maître mot reste la vigilance, pour éviter des « remèdes pires que le mal », comme des couverts faussement réemployables. Plus solides donc théoriquement réemployables, certains couverts proposés par la restauration rapide en pratique ils ne sont pas réemployés : personne ne les lave, ils sont à 99 % jetés après utilisation. Donc les couverts / sacs / autres objets théoriquement réemployables peuvent rester en pratique à usage unique.
5. Enjeu d’organisation à la gestion des déchets en entreprise
Dans de nombreuses entreprises, la gestion des déchets est vécue comme une corvée, notamment par le prestataire de ménage ou la personne chargée de « sortir les poubelles ». Il y a donc un besoin d’organiser au sein de l’entreprise un circuit efficace des déchets : placer les poubelles de tri au bon endroit, limiter voire supprimer les poubelles individuelles, aménager correctement le local poubelles, etc. Ainsi les personnes concernées pourront gagner du temps et améliorer leurs conditions de travail.
De plus, pour le cas particulier des entreprises multi-sites, l’enjeu est de mettre en place un reporting efficace permettant de comparer les établissements entre eux et tirer vers le haut l’ensemble du groupe. L’objectif est de détecter les établissements aux performances « aberrantes », au sens statistique du terme, en termes de volumes de déchets ou de coûts de collecte.
6. Enjeu d’implication des parties prenantes à la gestion des déchets en entreprise
Le premier groupe de personnes concerné par la politique déchets d’une entreprise est le groupe des salariés : d’après le dernier baromètre EkoDev publié en 2017, ils sont 70 % à souhaiter s’engager davantage dans la démarche RSE de leur entreprise. Sur le sujet déchets en particulier :
- Le minimum requis est de trier « comme à la maison » : la plupart des collaborateurs d’une entreprise ne comprennent pas que le tri sur leur lieu de travail ne soit pas au moins équivalent au tri qu’ils font chez eux ;
- Tout entreprise peut facilement aller au-delà, en réduisant certains flux de déchets prioritaires (comme les biodéchets, les emballages, le papier, etc.) et en organisant la collecte de certains flux ponctuels (comme les piles, les ampoules, les petits équipements électriques et électroniques, les jouets, etc.) : alors le tri est un service rendu par l’entreprise à ses salariés.
De plus, l’entreprise peut grâce aux déchets impliquer ses parties prenantes externes, à commencer par :
- Ses fournisseurs : pour eux la priorité est de livrer moins d’emballages, et de proposer une solution de reprise des produits en fin de vie ;
- Ses clients : une « démarche zéro déchet » peut devenir un argument de vente et attirer une clientèle plus jeune dans les hôtels, restaurants, magasins, etc.
- Ses voisins : ils ont souvent les mêmes déchets et peuvent être intéressés par une mutualisation de la collecte.