Éco-digesteurs pour la valorisation des déchets alimentaires : quoi en penser ?

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Éco-digesteurs pour la valorisation des déchets alimentaires : quoi en penser ?

L’éco-digesteur permet aux producteurs de grandes quantités de biodéchets de réduire considérablement leur volume, ce qui en fait une solution intéressante a priori d’un point de vue économique et environnemental. Dans cet article, nous vous proposons de faire le point sur les avantages et inconvénients à faire le choix d’un éco-digesteur pour la gestion de vos biodéchets.

Les biodéchets se composent essentiellement des déchets verts (feuilles mortes, tontes de pelouse, etc.) et des déchets alimentaires (restes de repas, produits périmés non consommés, etc.). Par ailleurs, ces déchets représentent à ce jour près d’un tiers des déchets non triés par les Français

Selon l’article L541-1-1 du Code de l’environnement, les biodéchets comprennent trois catégories de déchets :

 

Depuis janvier 2024, l’ensemble des professionnels doivent trier à la source leurs biodéchets. Ainsi, l’objectif est à la fois de lutter contre le gaspillage alimentaire mais également de limiter les impacts environnementaux liés à la gestion des biodéchets par incinération et enfouissement. La réglementation vise notamment à favoriser la valorisation matière (utilisation du compost comme amendement organique) mais aussi énergétique (production de biogaz après méthanisation) des biodéchets.

En pratique, les professionnels ont le choix entre : 

  • trier et faire collecter leurs biodéchets par un prestataire public ou privé qui prend en charge leur transport ainsi que leur valorisation ; 
  • mettre en place une solution de gestion des biodéchets sur site (compost manuel ou mécanique, éco-digesteurs, etc.) en vue de leur valorisation.

Les biodéchets issus des secteurs de la santé et de l’hôtellerie-restauration sont principalement composés de déchets de cuisine et de table (DCT). Or, tous les DCT, quelle que soit leur nature, sont définis comme étant des sous-produits animaux de catégorie 3 (SPAn C3).

L’arrêté du 9 avril 2018 autorise le traitement sur place des DCT et leur apport au sol sans agrément sanitaire dans le cadre d’une installation de compostage de proximité et dans la limite d’une tonne de biodéchets traitée par semaine.

 Notez-le : La circulaire du 13 décembre 2012 et le guide méthodologique sur le compostage autonome en établissement établi par l’ADEME précisent les conditions qui s’appliquent à une installation de compostage de proximité.

Le compost issu d’une installation de compostage de proximité peut être valorisé sur le site du producteur sans traitement supplémentaire nécessaire. Il peut également être cédé à un tiers à titre gratuit [1].

Depuis la mise en place de la réglementation du tri à la source, de nombreuses solutions sont proposées sur le marché pour favoriser le traitement sur place des biodéchets et limiter ainsi les coûts et contraintes liés à leur gestion pour les établissements qui en produisent de grandes quantités. 

Parmi ces solutions, on retrouve notamment l’éco-digesteur, une solution technique qui s’appuie sur la fermentation thermophile et aérobie pour traiter les déchets organiques. 

Concrètement, les déchets alimentaires sont introduits dans une cuve dont la température atteint 70°C grâce à un système de chauffage permettant de stimuler l’activité des micro-organismes et donc d’accélérer la décomposition des DCT. Ce processus permet notamment de une diminution des volumes de biodéchets jusqu’à 90 %.

En réduisant le volume de leurs biodéchets, les producteurs peuvent notamment limiter les coûts et nuisances environnementales liés à leur gestion.

Toutefois, ces systèmes ne sont également pas dénués de certains inconvénients. Dans le tableau ci-dessous vous retrouverez les principaux avantages / inconvénients à opter pour un éco-digesteur pour la gestion de vos biodéchets.

 

🙂😐

💲 Économique

+ Permet de supprimer (en cas d’utilisation du compost sur site) ou sinon de réduire les coûts de collecte des biodéchets

-Investissement financier nécessaire à l’achat

Le prix d’un éco-digesteur à usage professionnel peut aller de 20 000 à 35 000 en fonction de la marque, de la capacité de traitement et du type de biodéchets pris en charge

-Frais d’entretien et de maintenance de l’équipement

-Consommation électrique (0,6 à 1kWh / kg de biodéchets) [2]

🌱 Environnemental

+Réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au transport des biodéchets

+Peu de nuisances visuelles ou olfactives

+Possibilité d’un retour au sol du compost produit si celui-ci est conforme à la norme NF U44-051

-Perte d’azote avec les effluents gazeux qui doivent être correctement gérés

-Pour pouvoir être utilisé directement comme compost, le produit obtenu doit résulter d’un procédé conforme à la norme NF U44-051

🔧 Technique

+ Processus rapide

+Système relativement facile à utiliser

-Nécessité d’une alimentation électrique

-Précautions de stockage nécessaires pour le produit obtenu (local aéré et sec) afin d’éviter la prolifération des bactéries

Autres

+Peut prendre en charge une grande variété de biodéchets

+S’adapte au rythme de production des biodéchets (l’alimentation de la cuve peut se faire en continu)

-N’accepte pas certains biodéchets (os, coquillages, noyaux…)

-Nécessité d’une surveillance et d’un contrôle approprié pour garantir l’efficacité du processus> Espace nécessaire (2-3 m2)

Par conséquent, l’éco-digesteur est un équipement qui peut être intéressant prioritairement pour les producteurs de grandes quantités de biodéchets, mais aussi pour les producteurs isolés qui ne disposent pas de possibilité de valorisation sur site ni de collecte par un prestataire de proximité.

Si vous souhaitez connaître votre production annuelle de biodéchets, vous pouvez tester nos calculateurs dédiés aux établissements hôtelliers, de restauration et de santé.

En pratique, est considéré comme un “gros producteur” de biodéchets un établissement qui en produit plus de 10-15 tonnes par an. Pour aider les professionnels de la restauration à estimer la quantité de biodéchets qu’ils produisent, le Groupement des Hôtelleries et Restaurations (GHR) et l’ADEME ont établi des ratios que vous pouvez retrouver dans la circulaire du 10 janvier 2012.

Cependant, il faut préciser que les caractéristiques de l’éco-digesteur ne lui permettent pas de remplir les critères d’une installation de compostage de proximité au sens de la réglementation. 

Par ailleurs, le produit obtenu ne peut être utilisé directement comme compost qu’à condition que le procédé de l’éco-digesteur respecte les critères du compostage fixés par la norme NFU 44-051 sur les amendements organiques.

⚠️ Selon la norme NF U 44-051, le procédé de compostage doit remplir les critères suivants :  

  • Une augmentation initiale, nécessaire et transitoire de la température de l’ensemble des produits organiques qui permet son hygiénisation ;  
  • Une perte de masse et de volume ; 
  • Une homogénéisation du produit ; 
  • La transformation des matières premières organiques selon des processus naturels dans les sols (humification des résidus végétaux par exemple) ; 
  • Un degré de maturité en relation avec l’usage du produit.”

Dans le cas contraire, le produit obtenu reste un SPAn C3 et ne peut donc pas être utilisé directement en compost mais doit préalablement faire l’objet d’un traitement en installation autorisée SPAn C3 (pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter cette étude de l’ADEME réalisée en 2022). 

En définitive, les éco-digesteurs ne doivent pas être considérés comme une solution-miracle. Le choix doit se faire en fonction des besoins de l’établissement et de ses objectifs en prenant en compte de nombreux paramètres (capacité de traitement, place disponible, quantité de biodéchets à traiter, etc.). 

Vous souhaitez investir dans un éco-digesteur ? Nos équipes seront ravies de vous orienter vers la solution la plus adaptée à votre établissement et à vos contraintes.

[1] La mise sur le marché du produit n’est quant à elle possible qu’à condition que le produit soit conforme à la norme NF U44-051 relative aux amendements organiques et que l’établissement dispose d’un agrément sanitaire SPAn C3.

[2] Le livre blanc des biodéchets en restauration, MEIKO, septembre 2016 (p. 8).

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