Les freins et moteurs d’une meilleure gestion des déchets en hôtellerie

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Les freins et moteurs d’une meilleure gestion des déchets en hôtellerie  

La hausse du nombre d’établissements porteurs aujourd’hui d’un label écologique témoigne de l’ampleur de la vague verte dans l’hôtellerie française depuis une dizaine d’années.    

Mais quels ont été concrètement les facteurs d’influences qui ont poussé ces hôtels à entreprendre cette démarche ?   

Aujourd’hui penchons-nous sur les moteurs, mais également sur les freins, vers une meilleure gestion des déchets dans les établissements hôteliers ! 

  

1/ Recherche autour du corporate greening en hôtellerie 

Les conclusions apportées dans cet article se basent sur les résultats d’une étude de recherche [1] et des expériences clients de Take a waste, qui accompagne les acteurs de l’hôtellerie depuis plusieurs années. En raccordant notre vision terrain et ceux des résultats de recherche, nous proposons une synthèse qui reflète au mieux la réalité du secteur. 

Quels sont les performances du secteur hôtellier sur la gestion des déchets ?

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2/ Les résultats

2.1 / Les éléments de contexte  

Certains éléments de contexte, propres à chaque établissement, sont plus ou moins favorables à un engagement environnemental : la taille, les valeurs, le type de structure, les attentes des clients, ou encore les technologies influenceront l’engagement à venir de l’hôtel.  

Par exemple, le standing d’un hôtel peut jouer fortement : il y a plus de facilité à agir pour des hôtels économiques que pour des hôtels de luxe, pour lesquels les attentes de confort des clients peuvent constituer un frein. 

Ces éléments de contexte sont cependant amenés à évoluer. En reprenant l’exemple du standing de l’hôtel, les attentes clients vis-à-vis des déchets ont pris de l’importance ces dernières années, et des changements au sein des hôtels de luxe s’opèrent progressivement.  

2.2 / Les moteurs et freins :  

 Importance du facteur Facteurs 
Moteurs internes ++Hôtels indépendants : les convictions personnelles du dirigeant 
++Groupe intégré : l’application des directives du groupe 
+Les gains financiers : au travers d’une optimisation des prestations actuelles de collecte des déchets (ce n’est cependant pas systématique) et d’une réduction des déchets à la source. 
+La mobilisation forte d’une partie du personnel : certains salarié.es sont déjà sensibles au tri et à la réduction des déchets qu’ils effectuent chez eux. Ils peuvent se montrer engagé.es dans les démarches de changements.  
Moteurs externes ++

La volonté d’obtenir un éco-label pour élargir les opportunités commerciales : tel que le label Clé Verte spécialisé dans le tourisme durable qui comprend des critères sur la gestion des déchets tels que :  

  • La mise en place des filières de tri,  
  • Des initiatives pour limiter le gaspillage alimentaire, 
  • Le passage des bouteilles d’eau aux carafes, etc. 
++

Les retombées positives :  

  • Un avantage compétitif,  
  • Une image positive, 
  • Ou encore une fidélisation des clients.  
+Un effet de réseau important : les confrères d’un même réseau professionnel ou encore les organisations institutionnelles locales (CCI, Offices de tourisme, Conseil général, Conseil régional, ) peuvent créer un effet d’entraînement autour de projets environnementaux.  
+Les attentes clients : les clients souhaitent un environnement et des produits « sains », comme par exemple des produits sans emballages plastiques 
Freins++

Un manque :  

  • de temps : améliorer sa gestion des déchets n’est pas un sujet priorisé par les hôtels. 
  • de budget : la mise en place des filières de tri ou d’actions de réductions des déchets est dans un premier temps un investissement.  
  • d’expertise : la gestion des déchets comprend des sujets qui sont plus complexes qu’ils n’y paraissent.
++La peur de faire baisser le niveau de confort des clients, en particulier pour les hôtels haut de gamme. 
+La difficulté à faire changer les habitudes des équipes : le changement de logistique peut créer des réticences de la part des salarié.es. C’est le cas par exemple de l’installation des fontaines à eau dans l’établissement qui demande une nouvelle organisation (récupération des contenants, lavages). 

3/ Conclusion

Les auteurs de l’étude avancent trois conclusions dans leur article de 2013 : 

  1. L’importance des facteurs humains dans la prise en compte de l’environnement par le secteur de l’hôtellerie.
  2. La prédominance des moteurs internes par rapport aux moteurs externes : les hôteliers ont souligné qu’ils communiquaient peu leurs engagements à leurs clients, de façon à ne pas « stresser » ou « agresser » leurs hôtes.
  3. Le statut des hôtels (intégrés ou d’hôtels indépendants) qui détermine la genèse et les motivations de la démarche. 

Cependant, cette étude datant de 2013, des conclusions un peu différentes pourraient aujourd’hui être avancées. Bien que la majorité des éléments semblent encore d’actualité, le contexte ainsi que les attentes clients ont particulièrement évolué ces dernières années :  

  • La réglementation autour de la gestion les déchets s’est essentiellement construite après 2016 ;
  • La hausse des coûts des déchets résiduels est également une tendance relativement nouvelle, avec une accélération depuis 2020 ;
  • L’entrée en vigueur des nouveaux critères du classement Atout France le 1er avril 2022 a changé les exigences attendues en matière de déchets pour les hôtels ;
  • Et enfin, la maturité grandissante du public sur les sujets environnementaux en général, y compris sur les déchets (en particulier plastiques), jouent aujourd’hui un rôle bien plus important qu’il y a 10 ans dans la prise de décision des « établissements recevant du public ».  

On peut dire en conclusion que les moteurs externes atteignent aujourd’hui le même degré d’importance que les moteurs internes. Ce qui peut expliquer que la gestion des déchets a progressé dans les hôtels au cours des dix dernières années. Il reste cependant du travail, sur le tri et plus encore sur la réduction à la source des déchets ! 

[1] Résultats suivants issus de l’article de François-Lecompte, Agnès, et Michel Gentric : « L’engagement environnemental du secteur hôtelier » (2013)  

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