Etablissements de santé (cliniques, SSR, EHPAD) : comment réduire et mieux gérer vos déchets ?

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Etablissements de santé (cliniques, SSR, EHPAD) : comment réduire et mieux gérer vos déchets ? 

Comme l’ont montré notamment les travaux du Shift Project, les déchets sont partie intégrante de la décarbonation du secteur de la santé. Mais la gestion des déchets des établissements de santé est trop souvent focalisée sur les Déchets de Soin à Risque Infectieux (DASRI) et manque réellement d’ambition.

Or il est possible de réduire et mieux trier l’ensemble de ses déchets, en suivant l’approche méthodique proposée dans cet article.

 

Mettre en place le tri des principaux déchets non-dangereux 

Les déchets de cartons, papiers, emballages et les biodéchets sont générés de façon récurrente dans un établissement de santé, représentent des volumes importants et font même l’objet d’une réglementation spécifique qui impose de les trier (décrets 5 flux et biodéchets). Pourtant, ces quatre flux de déchets non dangereux sont en général mal triés à date – comme le montre notre baromètre du tri – alors que des solutions simples existent pour chacun d’entre eux :

Déchets

Bonnes pratiques

Cartons

·     Médico-social : la collecte des cartons se fait généralement en bacs (de préférence 1 000 L), ce qui implique de bien plier les cartons pour éviter que les bacs ne se remplissent trop vite

·     Sanitaire : à partir d’une certaine taille d’établissement, il devient intéressant d’installer du matériel de compactage, type presse à balles ou compacteur cartons

·     En cas de manque de place dans votre local poubelles : une collecte en rolls peut être envisagée, ce qui permet d’empiler les cartons en hauteur et gagner de l’espace de stockage

Papiers

·     Papiers non confidentiels : ils peuvent être mis en mélange avec les emballages, ou bien collectés par des prestataires privés (dont un certain nombre d’entreprises employant du personnel handicapé et / ou en insertion)

·     Papiers confidentiels : broyés ou non, ils doivent faire l’objet d’une collecte spécifique, par un prestataire privé (en général)

Emballages

·     Collecte par la collectivité : quand elle est possible, il s’agit souvent de la meilleure option technico-économique. Les emballages collectés dans le « bac jaune » sont acheminés en centre de tri puis séparés par matière

·     Collecte par un prestataire privé : si votre production de déchets est supérieure au seuil fixé par la collectivité (dans son règlement de collecte), vous devez vous tourner vers un prestataire privé. Celui-ci sera en général plus exigeant sur les emballages qu’il accepte, jusqu’à demander parfois un tri mono-matériau ou mono-produit : bouteilles PET, canettes aluminium, etc.

Biodéchets

·     Compostage sur site : il est limité à une fraction des déchets alimentaires (à savoir les épluchures et restes de préparations froides)[2] et demande un entretien régulier (de l’ordre de 1 à 2 heures par semaine)

·     Collecte séparée : elle se fait soit en bacs soit en caisses-palettes, stockées idéalement dans un local poubelle réfrigéré. Ce sont en général des prestataires privés qui collectent les biodéchets, même si de plus en plus de collectivités proposent aussi ce service à des professionnels.

Pour tous les déchets non triés à date, un travail est à prévoir pour mettre en place « les bonnes poubelles aux bons endroits » (matériel de pré-collecte type bio-seau, poubelle à pinces, etc.), indiquer les bonnes consignes de tri et former les équipes. Ceci n’est pas toujours le plus facile, mais il s’agit d’une étape à ne pas négliger !

En guise de résultat, un tri bien fait des cartons, papiers, emballages et biodéchets entraîne mécaniquement une réduction importante de la quantité de déchets résiduels (selon un principe de vases communicants), qui sont justement des déchets dont le coût va fortement augmenter dans les prochaines années : l’intérêt du tri est donc autant environnemental qu’économique.

Réduire au minimum la quantité de DASRI

Les Déchets d’Activité de Soin à Risque Infectieux (DASRI) coûtent 3 à 30 fois plus cher que les déchets résiduels – selon les volumes produits et la fréquence de collecte – d’où l’importance aussi de les réduire. Or la réduction des DASRI est possible en activant les leviers suivants :

  • Révision des consignes de tri : la réglementation laisse aujourd’hui à l’appréciation du soignant le caractère « infectieux » du déchet de soin, mais diverses recommandations – y compris en provenance d’instances officielles – tendent à « gonfler » les DASRI de déchets sans risque infectieux ;
  • Sensibilisation des équipes : pour réduire la production de DASRI, les équipes ont un rôle-clé et leur sensibilisation passe notamment par un affichage des bonnes consignes de tri (d’une part) et par une formation continue (d’autre part) ;
  • Achat du bon matériel de pré-collecte : trop souvent encore dans les services de soin et au bloc opératoire, il n’y a qu’une seule poubelle pour tout jeter, qui est une poubelle DASRI… Il convient donc d’installer des poubelles pour les déchets résiduels et les emballages à différents endroits stratégiques d’un établissement de santé[3];
  • Pour les cliniques uniquement, banalisation des DASRI liquides : des machines existent pour recueillir, désinfecter et rejeter dans le réseau d’eau les DASRI liquides. Le flux sortant contient un faible pourcentage d’agents infectieux (moins de 1%), soit à peu près autant dans les eaux usées des toilettes de l’hôpital ; or d’un point de vue environnemental le gain est assez net, puisque la banalisation évite de transporter et finalement incinéré des produits composés en très grande partie d’eau !

En mettant en place ces différentes actions, une réduction très significative des DASRI est possible, d’au moins 15 % et jusqu’à 65 % !

Réduire à la source tous les déchets qui peuvent l’être

Les déchets sont par définition des produits que l’on a achetés à un instant t et que l’on jette à un instant t + x, x étant compris entre quelques secondes (pour les emballages notamment) et plusieurs années (pour les biens à durée de vie longue comme le mobilier, les équipements électriques et électroniques, etc.). Les déchets sont donc le résultat inévitable de nos achats : tôt ou tard, tout ce que nous achetons et consommons finira par être jeté.

Par conséquent, le travail de réduction à la source concerne toutes les familles de produits achetés. Pour ne parler ici que des déchets principaux, voici quelques actions qui peuvent être facilement mises en place dans un établissement de santé : 

Levier

Impact potentiel

Commentaire
Généralisation du tri des déchets+++

·     En triant, on se rend compte de ce qu’on jette et mécaniquement on réduit (en adaptant sa consommation)

·     Sur les déchets alimentaires, l’ordre de grandeur est 20 à 30 % de réduction

Réduction des emballages+++

·     Une première étape serait de cartographier les produits les plus générateurs d’emballages (à commencer par les emballages non recyclables)

·     Puis un travail peut être fait avec les fournisseurs pour supprimer les emballages inutiles, trouver des alternatives réemployables, etc.

Lutte contre le gaspillage alimentaire ++De nombreuses actions sont possibles pour adapter les repas, commander au plus juste, mieux gérer les stocks de denrées alimentaires, etc. – y compris en lien avec les prestataires de restauration
Dématérialisation des documents papiers+Une partie des documents papiers peut encore être dématérialiser, à commencer par les documents qui ne demandent pas une lecture attentive / soutenue dans le temps
Allongement de la durée d’usage du mobilier, des équipements électriques et autres biens+Différents moyens permettent d’allonger la durée de vie : réparation des équipements, services de location et maintenance, etc.

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Réduire et trier un maximum de déchets diffus et / ou ponctuels

Une fois triés les déchets principaux, réduits les DASRI et réduits également tous les autres flux de déchets, la performance environnementale et économique d’un établissement de santé sera déjà très fortement améliorée. Cependant, il est possible d’aller encore plus loin en s’attaquant au flux de déchets diffus ou ponctuels, comme les piles, ampoules, textiles, capsules de café, bouchons, masques, etc. Comme les autres, ces déchets peuvent être triés et réduits à la source : cet article fait le point sur toutes les possibilités qui existent.

Sources : 

[1] https://theshiftproject.org/plan-de-transformation-de-leconomie-francaise-focus-sur-la-sante/

[2]Sauf à investir dans un équipement spécifique de compostage électro-mécanique, assez coûteux et réservé de fait à des « gros producteurs » de biodéchets. 

[3] A noter qu’il existe des fabricants spécialisés en matériel de pré-collecte des déchets des activités de soin : http://www.ph2international.com/tri-des-dechets-dactivites-de-soins/ 

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