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Consignes de tri des biodéchets : focus sur les emballages compostables et biodégradables
Lorsqu’on parle des biodéchets, on sous-entend réglementairement parlant les déchets organiques : déchets alimentaires et déchets verts. Pourtant de nombreux emballages dits « compostables » et « biodégradables » ont fait leur apparition au fil des années, qui perturbent aujourd’hui les consignes de tri de la filière des biodéchets. Finalement, ces emballages peuvent-ils vraiment être mélangés à des déchets « réellement » organiques ?
Cet article vous permettra de comprendre quels déchets sont aujourd’hui autorisés dans les collectes séparées de biodéchets, pour éviter de commettre des erreurs dans votre tri !
Les indications suivantes concernent uniquement les collectes de biodéchets effectuées par un prestataire externe (privé ou public). Si vous effectuez un compostage sur site, ces règles de tri à la source ne s’appliquent pas.
1/ Les déchets conjoints aux biodéchets autorisés
Quelles sont les exceptions aux déchets organiques, pour une collecte séparée de biodéchets ? Un arrêté du 15 mars 2022 a établi la liste des emballages et autres déchets biodégradables qui peuvent faire l’objet d’une collecte conjointe avec les biodéchets.
Les déchets à présent autorisés dans une poubelle de tri à la source des biodéchets sont :
- Les sacs de collecte de biodéchets composés uniquement de papier ou de carton qui respectent les exigences en termes de caractérisation et de composition : sans traces toxiques (perturbateurs endocriniens, substances cancérigènes ou mutagènes), et sans éléments métalliques ;
- Les sacs de collecte de biodéchets composés de plastique, et éventuellement d’une partie en papier ou carton, qui respectent les exigences définies dans le point précédent et de la norme NFT 51-800 (exigences strictes en termes de qualité du plastique et de sa biodégradabilité) ;
- Les capsules et dosettes à café composées d’au moins 95 % de papier et répondant à l’ensemble des exigences définies dans les points précédents ;
- Les filtres à café en papier et leur contenu, ainsi que les sachets de thé et tisane en papier et leur contenu ;
- Les essuie-tout, serviettes et mouchoirs en papier ;
- Les déchets organiques ménagers suivants : fleurs fanées, cheveux, ongles, plumes et poils d’animaux de compagnie.
Les emballages non listés dans le présent arrêté ne peuvent pas être collectés avec les biodéchets. Cette mise à jour est claire : les emballages biodégradables / compostables ne sont plus acceptés dans la filière des biodéchets.
2/ Coup d’arrêt pour les emballages biodégradables et compostables
1. Une fausse bonne idée
Cet arrêté a un objectif précis : ralentir le développement et la production de ce type d’emballage par les industriels. En effet, le compostage ne peut pas être considéré comme la solution idéale pour tous les emballages – et ceci pour plusieurs raisons :
- Les emballages compostables sont inévitablement à usage unique : ils ne peuvent pas être réemployés ;
- Ces emballages ont nécessité pour leur fabrication un matériau biosourcé (bambou, bagasse, canne à sucre, maïs, etc.), lui-même consommateur d’eau et d’énergie en phase de production et parfois en concurrence avec d’autres usages (alimentaires notamment) ;
- Les emballages dits « biodégradables » ne sont pas non plus une solution pour lutter contre les déchets sauvages : ils peuvent se dégrader uniquement dans un milieu adapté (en compostage industriel). Dans la nature, ils mettraient des années à se décomposer ;
- Enfin, les emballages biodégradables ne sont pas identifiés comme tels par les consommateurs : ils sont jetés soit dans les déchets résiduels, soit dans le bac jaune. Dans ce dernier cas, ils rejoignent alors un centre de tri d’emballages ménagers qui n’est pas équipé pour séparer ces « bioplastiques » et les orienter dans une filière de compostage industriel ou méthanisation ; les emballages sont donc sortis comme refus de tri et rejoignent les déchets résiduels.
2. Des emballages non pris en charge par les filières REP
L’arrêté de mars dernier est un frein considérable pour les emballages biodégradables / compostables, mais il ne s’agit pas du premier « avertissement » à leur sujet. En effet, les emballages d’origine végétale se sont fortement développés ces dernières années – on peut citer entre autres :
- La société Yumi, productrice de jus biologiques, qui a sorti en 2018 sa « veganbottle » [1] ;
- La marque de yaourt Les 2 Vaches qui a développé en 2019 des pots en plastique d’origine végétale (le PLA)[2]. La marque souhaitait alors une alternative au plastique issu du pétrole pour contribuer à sa manière à la lutte contre le changement climatique.
Mais en agissant ainsi de façon isolée, ces entreprises desservent finalement leur cause : sans filière de tri associée, leurs emballages compostables finissent en général incinérés ou enfouis. Les éco-organismes de la filière emballages ménagers, comme Citeo, considèrent en tout cas ces emballages comme perturbateurs du tri et leur imposent un malus (de 100 % de l’écocontribution de base).
Les emballages compostables et biodégradables étaient donc déjà « malussés » par Citeo, mais ils sont à présent interdits de collecte avec les biodéchets. C’est un message fort envoyé aux industriels : les éco-organismes les incitent à revenir vers des matériaux d’emballages qui entrent dans les consignes de tri classiques, ou bien à aller vers des emballages réemployables.
Dans cette lutte vers la fin du plastique à usage unique, il est important que le travail soit fait collectivement entre les différents acteurs. En essayant d’avancer chacun isolément, les metteurs sur le marché d’emballages risquent 1/ de développer des innovations inopérantes et 2/ d’entretenir une confusion dans l’esprit des consommateurs sur ces « fausses bonnes idées » que sont les emballages compostables.
[1] https://www.usinenouvelle.com/article/yumi-cherche-la-bagasse.N1620637
[2] https://www.les2vaches.com/pots-de-yaourt-en-pla/